ENTRE-NOUS #92 : Soins à domicile, l’indispensable service
Nos collègues aides-soignantes et infirmières du SSIAD sont sur le terrain, en contact direct avec les Génovéfains les plus fragiles. Rencontre avec celles qui nourrissent nos applaudissements chaque soir à 20h.
S’il est un service indispensable en période de pandémie c’est bien celui que rend le SSIAD (Service de Soins Infirmiers A Domicile) à la population. Michèle Carric en est la directrice. Elle gère les 17 aides-soignantes et quatre infirmières qui se rendent quotidiennement aux domiciles des Génovéfains pour aider à faire leur toilette ou effectuer des gestes médicaux essentiels : « La demande de soins à domicile a augmenté depuis le début de la crise sanitaire et les conditions dans lesquelles nous les prodiguons devient très compliqué. Nous avons toujours comme priorité le bien être de notre soixantaine de patients et faisons donc attention à notre stock de masques et de blouses. Nos collègues sont extrêmement courageuses. Elles sont très stressées mais savent que c’est leur boulot et leur souci est ne pas être contaminant ni pour les ainés ni pour leurs propres familles. Les mesures de protections sont suivies à la lettre et c’est pourquoi nous confinons notre personnel à tour de rôle pour avoir un roulement efficace. Notre public est principalement un public de Séniors. Il est donc plus exposé que la moyenne. L’avantage est qu’il vit à domicile, ce qui fait une grande différence avec celui des EHPAD où le confinement est plus anxiogène. Mais certaines personnes refusent désormais la venue d’une aide soignante pour la douche et la toilette par exemple. » Une situation d’autant plus compliquée qu’il faut gérer quotidiennement la pénurie de matériel : « Je passe mon temps à courir de pharmacie en pharmacie pour obtenir le matériel de protection qui nous est attribué par l’ARS. Nous sommes dans l’anticipation permanente et c’est assez épuisant. Pour l’instant, on tient en économisant le matériel qui nous a été fourni par la ville.»
Pour Céline, infirmière au SSIAD depuis 11 ans,
une nouvelle émotion est apparue entre les patients et les soignants :
« Le stress. Nos patients âgés, souvent isolés, ne sont pas rassurés par nos tenues. C’est impressionnant de voir quelqu’un chez soi avec un masque. Nous représentons une source de stress pour eux alors que ce devrait être le contraire. Nous le vivons très mal. On essaie toujours de placer un peu d’humour mais essayez de faire de l’humour avec un masque, ce n’est pas facile. Nous dormons mal et doublons de vigilance pour respecter les gestes barrières en restant humain et proche des Génovéfains. Le stress nous suit car nous savons être des potentiels agents contaminants et cela est très dur pour nos familles. Quand je rentre chez moi, il me faut une heure avant de décompresser : je dépose mes chaussures à l’extérieur, me déshabille entièrement, lave mes affaires et ensuite : douche et shampooing. Heureusement, la solidarité entre collègues est bien là et le soutien de notre hiérarchie est total, je veux le dire. Je suis très sensible à la façon dont certains personnels hospitaliers sont traités chez eux par leurs voisins avec ces mots anonymes en les encourageant à déménager. ». Si ces actes « dégueulasses » sont visibles grâce ou à cause des réseaux sociaux, l’immense majorité des français les soutient et se retrouve à 20h tous les soirs aux fenêtres.
Ce qui émeut Sophie,
aide soignante depuis 12 ans au SSIAD :
« Ça met les poils comme on dit. Mais si ce sont les mêmes gens qui ne respectent pas le confinement alors cela ne sert à rien. Nos boulots n’ont jamais été assez reconnus mais cela va peut-être changer, nous l’espérons. Il faut comprendre que même si nous avons la vocation chevillée au corps, personne n’est véritablement prêt psychologiquement à vivre une telle situation. J’ai connu le début de l’épidémie de VIH mais c’est incomparable car nous ne maitrisons pas encore le système de contamination. C’est cet inconnu qui nous fait peur. Nous travaillons donc en pensant à nos patients qu’il faut bichonner un peu plus et à nos familles, à nos enfants que nous ne voyons pas. Heureusement, l’équipe du SSIAD est formidable ; on se soutient quotidiennement mais ce qui nous manque, c’est de ne pas se voir physiquement. Nous faisons nos « transmissions » par téléphone et échangeons sur WhatsApp. Nos métiers sont durs et nous devons « déposer le sac » régulièrement, c’est à dire déposer tout ce qui nous pèse moralement. Ce temps d’échange n’existe plus que virtuellement actuellement ». Rappelons que deux collègues du SSIAD ont été touchés par le Covid-19 dont une hospitalisée et qui s’en est sortie. « C’est bien de parler de nous car nous sommes un peu à part au sein du personnel communal du point de vue géographique. Tout encouragement nous fait chaud au cœur ! ». Un service à part peut-être, mais ce que nous voyons aujourd’hui, c’est que le SSIAD est un service essentiel sur le terrain.
SSIAD de STE GENEVIEVE DES BOIS
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